Les constructeurs de la grande pyramide ont-ils vu les fissures au plafond de la chambre du roi ?

 Dans son livre “La chambre de Chéops” publié aux editions Fayard, Gilles Dormion pense que la fissuration des poutres de la chambre du roi est un accident qui a eu lieu avant la fermeture de la pyramide de Chéops et au grand dam des constructeurs.

 Nous le citons : Plusieurs indices flagrants attestent en effet que ceux-ci ont fait face à l’évènement. En de telles circonstances, trois interventions étaient possibles, étayer, vérifier, réparer. On trouve effectivement trace de ses trois interventions.

 Etayer. Lorsque les fissures ont été constatées, la première mesure urgente consistait à étayer immédiatement. Or le plafond de la chambre porte des marques caractéristiques : ce sont des marques oblongues brunâtres situées sous les extrémités de chaque poutre de granit, exactement la ou il fallait placer les étais.

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 Photographie du plafond prise après les travaux de restauration.

 Les joints blancs entre les poutres ont été repeints en noir et les traces de bavures nettoyées.

 Vérifier. Dans un second temps, il importa de constater la nature, l’étendue et, si possible, la cause des dégâts, afin de tenter d’y apporter un remède. La seule façon de procéder consistait à aller vérifier l’état de la superstructure au dessus du plafond de la chambre. C’est sans nul doute dans ce but que fut creusé le boyau d’accès à la première chambre de “décharge”.

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 Réparer. L’indice le plus frappant est, sans conteste, l’existence de restes de mortiers au droit des fissures de plusieurs poutres.

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Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

 Cette façon de voir les évènements qui se sont produits dans cette pyramide a emporté l’adhésion de la plupart des égyptologues au point que certains considèrent maintenant comme un acte de révisionnisme, le fait des les contester. Voici ce que l’on pouvait d’ailleurs lire récemment sur le blog pyramidales en réponse à un de nos articles prétendant démontrer que les constructeurs n’avaient pas vu les fissures.

 Or, quelles que soient ces théories ou hypothèses, pouvant éventuellement faire l’objet d’échanges de points de vue entre spécialistes concernés, il est certaines découvertes avérées ou certitudes scientifiques qui, au nom même de la plus élémentaire rigueur intellectuelle, doivent être reconnues comme telles, sous peine de pourrir la sérénité du débat. La recherche scientifique et la vérité historique se doivent de respecter une éthique et une honnêteté intellectuelle sans lesquelles la porte est grande ouverte à toutes les fraudes et compromissions, ainsi qu’aux dérives qui entacheraient la crédibilité des découvertes. Il est trop facile de tordre ou mépriser certains constats indéniables, sous prétexte de défendre une théorie personnelle, aussi respectable puisse-t-elle être “subjectivement”.

 Le sujet est donc “sensible” car en fait, s’il s’avère que les constructeurs n’ont pas vu les fissures, la seule explication possible au passage reliant la chambre de Davison à la grande galerie est notre théorie et son rôle de soupape de sécurité.

Constats indéniables ?

 Etayer. Les constructeurs connaissaient parfaitement le poids de leurs poutres, près de 60 tonnes (dont 42 tonnes environ à supporter) et leur position à 5.84m du sol de la chambre fait qu’aucun étais de l’époque n’aurait pu les supporter sans flamber ( terme technique indiquant une déformation en arc des étais). La largeur même des marques brunes, la position de certaines au ras des murs et surtout le fait qu’elles sont recouvertes par les fameuses traces de plâtre au droit des fissures démontre clairement que ces marques existaient avant la mise en place des poutres et ne sont nullement imputables à la présence d’étais. Elles ont parfaitement pu être causées pendant l’entrepôt sur chantier.

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Pour en revenir à l’étayage, il faut aussi prendre en compte :

1- Que les constructeurs ne risquaient pas de passer par le couloir ascendant avec des étais de 5.84 m. C’est important parce qu’empiler des morceaux de bois acheminés par le puits jusqu’à 5.84m n’est pas évident et qu’un étais fait de deux ou trois parties clouées perd en résistance.

2 – Que les les marques brunes au plafond de la chambre ne sont pas suivies de marques identiques sur le dallage de la chambre, ce qui aurait du être le cas s’il y avait eu étayage.

3- Que suivant la version officielle, l’entrée de la chambre était rétrécie par les poteaux qui soutenaient les herses et encombrée par les cordages des herses pincés par la mâchoire de la herse fixe.

4- Qu’à l’époque, le seul système d’éclairage était des torches ou des lampes à huile grandes consommatrices d’oxygène dans un endroit plutôt mal ventilé.

5- Qu’il ne sert absolument à rien de mettre des étais puis de les enlever sans avoir rien réparé.

Vérifier. Dans ce cas, les constructeurs auraient fait le travail à moitié. Ils savaient que les poutres des niveaux supérieurs avaient une section inférieure à celles du premier plafond, donc quelles étaient moins résistantes et pourtant il n’ont pas jugé bon d’aller voir ce qui se passait au dessus de la chambre de Davison. La rupture totale d’une des poutres des niveaux supérieurs aurait pu entrainer l’effondrement d’une partie de la structure dans le tombeau royal.

À noter que la théorie de Gilles Dormion n’explique pas pourquoi le plafond de la chambre de Davison comporte des joints entre les poutres de même nature que ceux du plafond de la chambre du roi. Ils étaient parfaitement inutiles dans le cadre d’un tombeau.

Réparer. La aussi les anciennes photographies du plafond de la chambre du roi parlent clairement pour des traces de bavures liées à une translation sud-nord des poutres lors de leur mise en place.

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 Sur cette photographie, on remarque d’ailleurs très bien la présence d’un joint blanc entre le mur sud et les poutres.

 Regardez bien les photographies, vous constaterez comme nous que les bavures assimilées à des témoins au plâtre par certains égyptologues recouvrent les marques brunes des étais et qu’elles sont simplement liées à la mise en place des poutres.

 Si tentative de réparation il y avait eu , toutes les fissures auraient été comblées or ce n’est pas le cas. Seul 50 cm de fissures ont un peu de mortier au droit et même celles du dessus n’ont pas été comblées.

 Le fait qu’une fissure apparaisse à coté d’une bavure n’est en aucun cas une trace de tentative de réparation.

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 Sur cette photographie d’une des fissures dans la chambre de Davison (extraite du livre de Gilles Dormion, la chambre de Chéops), vous constaterez comme nous qu’aucun plâtre n’a été mis dans les fissures. C’était pourtant plus facile à faire qu’en sous-face. Si les constructeurs avaient réellement vu les fissures , ils auraient tenté de rattraper l’accident avec un doublage porteur en granit le long du mur sud.

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La chambre aurait perdu un mètre en largeur mais la solidité de l’ensemble aurait été renforcée.

Notre vision des choses est d’ailleurs confirmée par les témoignages des premiers explorateurs de la pyramide.

Le colonel Coutelle, suite à l’expédition d’Égypte de 1798, écrit dans la Description d’Égypte : “Le plafond de la chambre [du roi] est formé de pièces monolithes longues de plus de 6 mètres (18 pieds et demi). Il y en neuf ainsi placées en travers : chacune doit avoir au moins 130 pieds cubes et peser vingt milliers. Même remarque ici que dans la galerie et tous les canaux, point de tassement, point d’ébranlement visible ; rien ne s’est déplacé depuis l’origine, puisque tout y est parfaitement d’aplomb ou de niveau. Le granit des parois est si poli et si dur qu’on a vainement essayé d’y graver des noms : tous ceux qu’on y lit sont tracés au crayon. En général, tout cet ouvrage est de la plus parfaite exécution, et l’appareil est admirable.” …/… “Cette précaution [le fait d’avoir construit cette chambre au-dessus de la chambre du Roi] n’était pas tout-à-fait inutile ; plusieurs pierres de ce second plafond sont fendues à une petite distance de leur portée et les blocs de granit qui les supportent sont éclatés sur les bords, par le poids des pierres posées en décharge sur l’extrémité de ce plafond, et par celui de la masse supérieure.”

 À partir du moment ou il écrit que la précaution d’avoir fait une autre chambre au dessus de celle du roi n’était pas tout-à-fait-inutile, c’est que d’après lui, elle a rempli son rôle protecteur et que les poutres du plafond de la chambre du roi sont restées intactes jusqu’à la date de son observation. On sait aussi qu’à cette époque, les poutres du second plafond étaient fissurées.

En conclusion

Pas d’étayage , vérification incomplète et aucune réparation.

 La théorie de Gilles Dormion n’est pas capable d’expliquer le manque de finition du plafond (absence de nettoyage des bavures dans un tombeau royal). Elle n’est pas non plus capable d’expliquer pourquoi le plafond de la chambre de Davison possède des joints entre les poutres de même nature que ceux de la chambre du roi.

 D’autre part , s’il n’y a eu ni étayage ni réparation , pourquoi y aurait-il eu vérification ? Pourquoi les constructeurs auraient-ils passés un temps fou à creuser un passage entre la grande galerie et la chambre de Davison ? Il faut savoir aussi que la présence de joints en plafond de la chambre de Davison rend obligatoire la création d’un passage alors pourquoi celui-ci aurait-il été crée pour aller vérifier une fissuration plutôt que pour faire les joints ?

 On peut donc en déduire qu’il n’y a aucune chance pour que les constructeurs aient vu les fissures et (n’en déplaise aux égyptologues qui donnent raison à Gilles Dormion) et que seule notre théorie (pour l’instant) explique parfaitement le rôle du passage entre la grande galerie et la chambre de Davison.

 Pour tout connaître de la position des salles secrètes et des moindres détails de cette théorie, lisez le livre de Philippe Lheureux et Stéphanie Martin « GRANDE PYRAMIDE D’EGYPTE: Les sept vérités qui dérangent »