À propos du système de fermeture

Enquête sur les trois blocs bouchons en granite retrouvés en bas du couloir ascendant.

L’hypothèse la plus communément admise pour expliquer la présence des trois blocs de granite retrouvés en bas du couloir ascendant, est que ceux-ci auraient servi à condamner l’accès aux chambres hautes après le dépôt de la momie dans son sarcophage.

Les trois bouchons étaient originellement placés dans la grande galerie. Avant de les faire glisser, les ouvriers devaient construire un pont en bois pour relier la grande galerie au couloir ascendant et leur permettre d’enjamber ainsi le couloir horizontal d’accès à la chambre de la reine.

Il ne leur restait plus qu’à lâcher les bouchons un par un pour que ceux-ci glissent jusqu’en bas du couloir ascendant et ensuite sortir par le puits via la grotte avant de remonter par la descenderie et sortir à l’air libre. (Suivre les flèches bleues pour la sortie prévue des ouvriers)

Afin que le premier bouchon se coince en bas du couloir ascendant et éviter qu’il n’obture la descenderie (ce qui aurait été mortel pour les ouvriers) , un rétrécissement des parois du couloir ascendant avait été prévu dans sa partie creusée.

Le couloir ascendant est moins large que la descenderie et le bouchon de granite indique clairement son existence (photographie Edgar)

Nous allons voir ici que ce qui parait logique à première vue, peut être totalement remis en question par une étude un peu plus approfondie des différents éléments du dispositif de fermeture.

1-Construction du pont enjambant le couloir d’accès à la chambre la reine

Le plancher supposé, mais non retrouvé

Gilles Dormion l’avait déjà remarqué dans son livre « La chambre de Chéops » paru aux éditions Fayard. Les encoches rectangulaires faites pour les poutres sont mal positionnées et réduisent de l’épaisseur du plancher, la hauteur des poutres et donc leur résistance. De plus pour encastrer les poutres, il y a lieu de diminuer leur largeur pour pouvoir les enfoncer dans les encoches. Finalement, si l’on prend en compte l’épaisseur du plancher et la largeur des encoches, on peut rarement leur donner plus de 15×15 cm de section. J’ai donc demandé à CHAT GPT quel poids peuvent supporter 3 poutres encastrées de 15×15 cm en acacia (le bois le plus dur et vu qu’un bouchon mesure 1.67 m de longueur) espacées d’environ 50 cm sur une
largeur de 1.04 m et voici sa réponse :

La capacité de charge des poutres en acacia dépend de nombreux facteurs, tels que la qualité et l’état du bois, la section transversale de la poutre, la distance entre les appuis, la charge répartie ou concentrée, etc. Pour calculer la capacité de charge des poutres dans ce cas, nous pouvons utiliser la formule de la charge maximale théorique pour une poutre encastrée :

Q = (W * L^3) / (48 * E * I)

où :

Q est la charge maximale théorique que peut supporter la poutre en kg ; W est la largeur de la poutre en m ; L est la portée de la poutre en m ; E est le module d’élasticité du matériau en N/m^2 ; I est le moment d’inertie de la section transversale de la poutre en m^4.

Pour l’acacia, nous pouvons utiliser les valeurs suivantes :

E = 12 000 000 N/m^2 ; I = (15 * 15^3) / 12 = 2812,5 mm^4 = 0,0000028 m^4 (pour une section rectangulaire).

En substituant les valeurs données, nous avons :

Q = (0,15 * 1,04^3) / (48 * 12 000 000 * 0,0000028) Q = 607,78 kg

Cela signifie qu’une poutre peut supporter une charge maximale théorique d’environ 608 kg. Pour 3 poutres encastrées, la charge totale qu’elles peuvent supporter dépendra de la façon dont elles sont réparties et supportées. Si la charge est uniformément répartie sur les 3 poutres, alors la charge totale qu’elles peuvent supporter serait :

Q_totale = Q * 3 = 608 * 3 = 1824 kg

Cependant, si la charge est concentrée sur une partie des poutres, ou si les appuis ne sont pas solides ou réguliers, la charge totale supportable pourrait être inférieure à ce chiffre. Il est donc important de prendre en compte tous les facteurs de conception et de sécurité appropriés lors de la planification de la structure.

Il ne faut pas oublier que ce pont doit résister au passage de trois blocs dont le poids unitaire dépasse légèrement les cinq tonnes.

1.04 m Largeur x 1.195 m Hauteur x 1.67 m Longueur x 2.5 kg/m3 Densité minimum du granite =5.19 Tonnes

Avec maximum 1.824 tonnes, on est loin du compte !

Et si le plancher plie, ne serait-ce qu’un peu au passage d’un bloc, celui-ci ne pourra pas rentrer correctement dans le couloir ascendant et viendra de plus obturer la seule sortie possible des ouvriers.

Entrée du puits descendant jusqu’à la grotte

2- Calcul de la poussée nécessaire pour faire glisser un bouchon.

 Je n’ai pas fait le calcul moi-même, j’ai laissé ce soin à CHAT GPT, le nouveau logiciel d’intelligence artificielle, et voici ce qu’il a répondu à ma question :

 Peux du me dire combien il faut de force appliquée sur l’arrière pour déplacer un bloc de 5.19 tonnes, surface au sol 1.04m x 1.67m posé sur un plan incliné à 26°12′ avec un coefficient de frottement de 0.6

Bien sûr !

Pour calculer la force nécessaire pour déplacer le bloc de 5,19 tonnes sur un plan incliné, il faut prendre en compte la masse du bloc, l’angle d’inclinaison du plan, la surface au sol du bloc, le coefficient de frottement entre le bloc et le plan, ainsi que la gravité.

La première étape consiste à calculer la force de gravité qui s’exerce sur le bloc, qui est donnée par :

Force de gravité = Masse x Gravité

où la masse est exprimée en kilogrammes (kg) et la gravité est d’environ 9,81 m/s².

Dans ce cas, la masse du bloc est de 5,19 tonnes, soit 5 190 kg environ :

Force de gravité = 5 190 kg x 9,81 m/s² Force de gravité = 50 931,9 N

La deuxième étape consiste à calculer la composante de la force de gravité qui s’exerce perpendiculairement au plan incliné, qui est donnée par :

Composante perpendiculaire de la force de gravité = Force de gravité x Cos(angle d’inclinaison)

où l’angle d’inclinaison est exprimé en radians.

 Dans ce cas, l’angle d’inclinaison du plan est de 26°12′, ce qui correspond à un angle de pente de 0,4577 radians :

 Composante perpendiculaire de la force de gravité = 50 931,9 N x Cos(0,4577) Composante perpendiculaire de la force de gravité = 37 416,7 N

 La troisième étape consiste à calculer la force de frottement entre le bloc et le plan incliné, qui est donnée par :

 Force de frottement = Coefficient de frottement x Composante perpendiculaire de la force de gravité

 Dans ce cas, le coefficient de frottement est de 0,6 :

 Force de frottement = 0,6 x 37 416,7 N Force de frottement = 22 450 N

 Enfin, la force nécessaire pour déplacer le bloc de granite peut être calculée à l’aide de la formule suivante :

 Force nécessaire = Force de gravité x Sin(angle d’inclinaison) + Force de frottement

 Dans ce cas, nous avons :

Force nécessaire = 50 931,9 N x Sin(0,4577) + 22 450 N Force nécessaire = 28 947 N

 Ainsi, il faudra appliquer une force d’environ 28 947 newtons (N) ou 2,89 kilonewtons (kN) environ sur l’arrière du bloc de 5,19 tonnes pour le déplacer sur un plan incliné à un angle de 26°12′ avec un coefficient de frottement de 0,6.

 Notez que ce calcul suppose que le bloc de granite ne glisse pas et qu’il y a suffisamment de force disponible pour surmonter la friction statique.

 D’après lui, pour amorcer la descente d’un bloc, compte tenu du frottement entre le calcaire et le granite, il faut lui appliquer une poussée de 2,89 kilonewtons sur sa face arrière. Soit 294 kikos

 Autant, vous dire que deux ou trois ouvriers ne sont pas près d’y arriver. Il en faut 6 et vu la surface de la face arrière, il faut forcément utiliser des cordages et espacer les blocs.

3- Descente du premier bloc bouchon

 Une fois la descente du premier bloc amorcée, celui-ci va glisser, mais va aussi prendre de la vitesse, compte tenu de la quarantaine de mètres du couloir ascendant.  Au final, il risque d’enfoncer le rétrécissement prévu pour l’arrêter en bas du couloir et de basculer dans la descenderie.

 Ce bloc bouchon a en fait une forme trapézoïdale qui ne va pas faciliter sa descente et ceci d’autant plus que son bord d’attaque n’a pas été arrondi.

 Étant donné qu’il est arrivé à destination, c’est qu’il ne s’est pas mis en travers du couloir pendant sa descente. S’il l’avait fait, il aurait été impossible à décoincer compte tenu de la poussée nécessaire pour le remettre en mouvement.

dents de scies
Bord d’attaque du premier bouchon en dents de scie

 On peut aussi remarquer un joint blanc au pourtour de ce bouchon qui semble incompatible avec un bouchon qui serait rentré de force en percutant le rétrécissement du couloir ascendant.
L’état du couloir ascendant suite à la pose des rampes, du plancher et de l’éclairage ne permet pas de vérifier s’il y a eu ou non des traces de frottement contre les parois du couloir. Dommage !

Par contre, j’ai demandé à CHAT GPT :

Peux-tu me calculer en détaillant le calcul la vitesse en Km/h atteinte par un bloc de granite de 5.188 tonnes glissant sur une pente de 45 m inclinée à 26°11′ avec un coefficient de frottement de 0.6 ?

et sa réponse à été :

Oui, bien sûr ! Pour calculer la vitesse atteinte par le bloc de granite en détaillant les calculs, nous allons utiliser la conservation de l’énergie mécanique. Voici les étapes à suivre :

  1. Calculer la hauteur de la pente :

h = L * sin(θ)

où L est la longueur de la pente (45 m dans ce cas) et θ est l’angle d’inclinaison de la pente, exprimé en radians. Pour convertir l’angle de degrés en radians, nous devons diviser par 180 et multiplier par π :

θ = (26°11′ / 180) * π = 0,456 rad

Ainsi, la hauteur de la pente est :

h = 45 * sin(0,456) = 20,67 m

  • Calculer la vitesse du bloc sans prendre en compte le frottement :

v = √(2gh)

où g est l’accélération due à la gravité (9,81 m/s²) et h est la hauteur de la pente que nous venons de calculer. En substituant les valeurs, nous obtenons :

v = √(2 * 9,81 * 20,67) = 19,95 m/s

  • Calculer la vitesse du bloc en prenant en compte le frottement :

v = √((2gh) / (1 + μ*cos(θ)))

où μ est le coefficient de frottement. En substituant les valeurs, nous avons :

v = √((2 * 9,81 * 20,67) / (1 + 0,6 * cos(0,456))) = 15,57 m/s

  • Convertir la vitesse en mètres par seconde en kilomètres par heure :

v (km/h) = v (m/s) * 3,6

En substituant la valeur de v en mètres par seconde, nous avons :

v (km/h) = 15,57 * 3,6 = 56,05 km/h

Ainsi, la vitesse atteinte par le bloc de granite est d’environ 56,05 km/h.

 Je vous laisse imaginer l’impact que ce bloc bouchon de 5.188 tonnes à eu sur le rétrécissement du couloir creusé dans le calcaire mais il y a peu de chance qu’on obtienne au final, une photographie comme celle-ci !

4- Descente du deuxième bloc bouchon

 Une chance de plus pour qu’il se bloque juste avant l’entrée dans le couloir ascendant. Ce bouchon dont le bord d’attaque n’a pas non plus été arrondi (voir photographie) va forcément repousser devant lui du calcaire arraché par frottement sur le sol du couloir. Ce calcaire devrait finalement empêcher la jonction parfaite entre les blocs et c’est ce que l’on constate, car le deuxième bouchon s’est arrêté à 10 cm du premier. La compression de l’air entre le premier et le deuxième bouchon devrait aussi ralentir sa vitesse, même si le fait que l’étanchéité avec le couloir n’était pas totale.

Photographie du joint entre le premier et le deuxième bouchon.

(Photographie Stéphanie Martin)

Chose incompréhensible, il y a de la matière calcaire repoussée à l’arrière du premier bouchon alors que la logique voudrait qu’elle soit à l’avant du deuxième.
Ceci dit, cela pourrait s’expliquer par le choc entre les deux bouchons, la matière arrachée sur le sol et repoussée devant le deuxième bouchon se met à la verticale lors de la collision qui fait avancer le premier bouchon. Elle retombe ensuite collée au premier bouchon.  
Il faudrait avoir une photographie plus précise du sol entre le premier et le deuxième bouchon pour vérifier. La photographie de cet endroit a été maintes fois demandée aux égyptologues qui font la sourde oreille alors qu’elle est essentielle pour la compréhension de la fonction de cette pyramide.

5- Descente du troisième bloc bouchon

Ici aussi, pas de bord d’attaque arrondi pour faciliter le glissement.

Joint entre le deuxième et le troisième bouchon (Photographie Stéphanie Martin)

Les deux bouchons sont collés l’un contre l’autre. Il n’y a pas eu non plus de calcaire repoussé par frottement venu empêcher le contact entre les blocs De plus, le choc avec le deuxième bouchon n’a pas resserré le deuxième bouchon contre le premier.

Le joint était parfait (Photographie Edgar)

Là aussi, il y aura compression de l’air et ralentissement du bouchon pendant sa descente.

Joint quasi parfait qui suit la courbure du plafond.

Le troisième bouchon a été entamé dans sa longueur par les ouvriers d’Al-Ma’mûn mais il montre des joints de contact quasi parfaits avec le plafond et le mur du couloir ascendant.

On voit vraiment mal comment il aurait pu glisser dans le couloir ascendant avec si peu d’espace entre lui, les murs et le plafond.

Voici qui commence à faire pas mal de preuves contre le fait que les 3 bouchons de granite ont glissés de la grande galerie jusqu’en bas du couloir ascendant !

En science, il ne faut pas imaginer que, il faut vérifier point par point la faisabilité et revoir si nécessaire la théorie en conséquence.

6-Changement de plan

Pour la plupart des égyptologues, le fait que le tiers inférieur du couloir ascendant ait été creusé dans des blocs de calcaire déjà mis en place serait la preuve qu’il y a eu changement de plans lors de la construction. Je n’y crois pas un seul instant, vu la complexité de ce qu’il y a au-dessus et qui aurait au du mal à être improvisé.

Dans leurs têtes, la pyramide avait déjà atteint un certain niveau quand ils ont eu l’idée du couloir ascendant. Ils ont donc dû être obligés de creuser pour rejoindre la descenderie.

Il existe pourtant une autre explication possible à la présence de cette partie creusée.

C’est celle qui inclue la possibilité que le couloir ascendant était destiné à recevoir de l’eau.

La différence entre la partie creusée et la partie appareillée, c’est que la partie appareillée à des linteaux qui peuvent se soulever si la pression hydrostatique est trop forte. Or où se trouve la pression la plus forte si ce n’est dans le bas du couloir.

Se pourrait-il qu’il y ait un deuxième couloir qui passe juste au-dessus de la descenderie puis juste au-dessus du couloir ascendant ?

 Dans ce cas, la recherche de la meilleure étanchéité pourrait aussi expliquer la partie creusée.

7- La fermeture idéale

En glissant des blocs bouchons dans la descenderie, on pouvait facilement masquer le couloir ascendant.

On pouvait aussi en mettre plus que trois pour remonter jusqu’à l’entrée.

 En contournant les blocs sur le côté, ils auraient atteint la chambre souterraine sans se douter un seul instant de la présence d’un autre couloir.

De plus le puits pour la sortie des ouvriers aurait été inutile.

Personnellement, j’ai du mal à croire que l’architecte capable de construire cette pyramide fasse une telle erreur de logique pour sa fermeture.

Tout ceci laisse à penser que les trois blocs bouchons retrouvés en bas du couloir ascendant ont été mis en place à l’endroit où on les a trouvés, dès l’origine de la construction. Ceci interdisait forcément tout passage de la momie par ce couloir et remet fortement en cause le rôle attribué aux chambres supérieures.

Philippe Lheureux et Stéphanie Martin